RIEN NE NAÎT DE RIEN
¨Parfois, un acteur a beau savoir de quoi traite la scène, en comprendre la situation, lire noir sur blanc que « X se fait quitter par Y et qu’X
pleure », il bloque, il n’arrive pas à jouer, du moins avec sincérité… même
s'il a la "partition" sous les yeux, rien n'y fait… Il sent bien que quelque chose l’en empêche, sans pour autant savoir y remédier. Est-ce à cause de la scène? Est-elle mal
écrite?
Pourtant, un pianiste dont l’instrument serait désaccordé, ne ferait pas de lien entre la partition et les sons disgracieux, la première chose qu’il ferait, serait d’accorder son instrument.
Question de bon sens.
Aujourd’hui encore, imagine-t-on un violoniste devenir virtuose sans connaître ses gammes, ni son archet? Imagine-t-on un danseur, devenu « étoile », cessant soudain ses exercices à la barre…
Alors, si l’acteur est lui aussi un artiste, avec l’aide de quel instrument crée-t-il son Art?
À la charnière entre le 19ème et le 20ème Siècle, K.S Stanislavsky, observant les autres Arts, et constatant que pour s’exprimer, le peintre utilisait ses pinceaux, le musicien son instrument, etc, en vint naturellement à questionner la notion de « l’instrument » chez l’acteur.
Pour l'Acteur, son instrument, c’est lui-même.
Entièrement.
Son corps, son esprit, ses sens.
Son imagination, son intellect.
Sa volonté, ses sentiments.
Le système Stanislavsky considère qu’un acteur « accordé » sera plus à
mème d’exprimer la vie du rôle. Question de bon sens, encore. C’est pour cela qu’il fait démarrer son travail par le « Travail de l'Acteur sur lui-même », pour l’amener, ensuite, à la «
Construction du Personnage ». Dans cet ordre.
Depuis cette prise de conscience qu’il fallait connaître, comprendre et maîtriser son « instrument » , la notion d’instrument devint une notion cardinal de l’Acteur moderne.
NAISSANCE DE L'ACTEUR MODERNE
La naissance du système, avec sa notion d'instrument, proprement révolutionnaire,
est à la racine du travail de ses plus prestigieux successeurs (Michael Chekhov, Uta Hagen, Lee Strasberg, Stella Adler…) et du succès artistiques des plus grands acteurs
modernes.
Allant du travail de relaxation au développement des sens en passant par la fluidité émotionnelle, du contact et l’élargissement de l’imagination, ou de l’analyse d’un script… Il existe aujourd’hui un creuset de plus d'une
100aines d’exercices -littéralement- pour aider l’acteur dans son expression.
Mieux, grâce à son système, K.S Stanislavsky rétablissait l'équilibre entre l'Art de l'Acteur avec les autres Arts, car tout comme les musiciens ont le solfège, les cinéastes leur vocabulaire (traveling, tilt, zoom, etc) le système offrait enfin une « grammaire » claire qui permettait à l’acteur d'articuler ses problèmes et trouvait une voie menant à un jeu organique et inspiré.
AUJOURD'HUI
L’idée reçue qui voudrait que les découvertes de Stanislavski soient aujourd'hui dépassées, revient à dire que les lois de la gravité découvertes par Newton sont vieilles, donc caduques, et qu’il est grand temps pour la physique moderne de s’en passer.
Les coachs modernes ne s'y trompent pas, eux, pour qui le travail de l'instrument est crucial, eux, qui n'ont de cesse de transmettre cette tradition, eux, qui permettent aux acteurs d’aujourd’hui de continuer à faire entendre leur voix singulière grâce à des interprétations humaines et authentiques.
Dans cet esprit, LAPA s'adressent à celles et ceux qui, toute leur vie, souhaitent travailler sur leur instrument.
Écrire commentaire